La maison du charbonnier. Ça s’appelle un dessin plus que simplet, mais qui figurerait honorablement dans certains livres pour enfants, où les auteurs ne se cassent pas trop. Ici au scannage le fusain a charbonné, résultat les brins d’herbe que j’avais amoureusement dessinés ont disparu dans une bouillie noirâtre du plus mauvais effet.
Lagune
Marais salant abandonné en petite Camargue.
Courrier aéropostal
Avec internet, c’est tombé en désuétude. Dommage pour les collectionneurs de timbres qui voyageaient par l’imagination.
La vie en rose
Pochade sur une chute de papier grande comme un timbre-poste, à l’origine destiné à finir à la poubelle. Sans objectif de résultat, c’est plutôt encourageant. Pour éclairer nos hypothétiques jeunes lecteurs, nous devons préciser qu’un « timbre-poste » était une petite vignette imprimée que l’on collait sur l’enveloppe d’une lettre pour payer son port et sa livraison par un facteur. Encore fallait-il avoir quelque chose à dire et savoir l’écrire. Aujourd’hui à l’époque du SMS et de l’inintelligence artificielle ce concept des siècles passés est devenu sans objet.
La trompette
C’est ainsi que la surnommaient – dans son dos – ses meilleures amies. Bien sûr à cause de son profil relevé, mais surtout à cause du ton péremptoire et criard qu’elle employait pour s’adresser à son mari, lequel semblait y être indifférent. Mais c’était trompeur, car un jour il disparut du domicile conjugal. Depuis « la trompette » s’est retrouvée seule à expectorer de pathétiques couacs vengeurs contre l’implacable destinée.
L’avocate
Elle avait toujours parlé pour ne rien dire, alors ses parents, désespérés, en ont fait une avocate. Particulièrement habile dans le brassage du vide, elle se fait payer fort cher et elle a vite appris à caresser les médias dans le sens du poil. La vacuité insigne des ses propos, dans et hors du prétoire, lui permettent d’aspirer légitimement à de hautes fonctions politiques.
Crépuscule
Le soleil avait disparu au-delà des Hautes Prairies. Un grand oiseau passa dans un lent froissement d’ailes qui semblaient emporter les dernières parcelles de lumière. D’un coup, ce fut la nuit.
Femme-oiseau
C’était un modèle régulier de l’atelier collectif. Plutôt maigrichonne, elle n’était pas particulièrement jolie, mais elle posait bien et avec beaucoup de bonne volonté. Tout le monde l’appréciait. Certains m’avaient dit qu’elle avait eu sur le corps un tatouage qui s’était effacé et que depuis peu avaient pu le revoir. Un soir, où l’alchimie avec le modèle avait été particulière, il m’a semblé apercevoir le lent passage d’un grand oiseau marin, un de ces volateurs océaniques décrits par Jules Verne dans « L’île mystérieuse », qui aujourd’hui reste encore un très bon livre, si on fait abstraction de la bondieuserie.
Ça se gâte
Il y a de l’orage dans l’air.
Sixième nuage
En pleine transformation.