
Le soleil avait disparu au-delà des Hautes Prairies. Un grand oiseau passa dans un lent froissement d’ailes qui semblaient emporter les dernières parcelles de lumière. D’un coup, ce fut la nuit.

Le soleil avait disparu au-delà des Hautes Prairies. Un grand oiseau passa dans un lent froissement d’ailes qui semblaient emporter les dernières parcelles de lumière. D’un coup, ce fut la nuit.

C’était un modèle régulier de l’atelier collectif. Plutôt maigrichonne, elle n’était pas particulièrement jolie, mais elle posait bien et avec beaucoup de bonne volonté. Tout le monde l’appréciait. Certains m’avaient dit qu’elle avait eu sur le corps un tatouage qui s’était effacé et que depuis peu avaient pu le revoir. Un soir, où l’alchimie avec le modèle avait été particulière, il m’a semblé apercevoir le lent passage d’un grand oiseau marin, un de ces volateurs océaniques décrits par Jules Verne dans « L’île mystérieuse », qui aujourd’hui reste encore un très bon livre, si on fait abstraction de la bondieuserie.

Il y a de l’orage dans l’air.

En pleine transformation.

Celui-là c’est un costaud.

Ça se complique.

Ça s’effiloche.

Celui-ci ferait une bonne couette.

Confortable, on aimerait l’avoir dans son lit comme oreiller.

Lorsqu’on parle de madeleine, on se réfère souvent à l’appétence du mythique écrivain, Marcel Proust, que beaucoup d’amateurs de « grande littérature » prétendent connaître mais qu’en réalité très peu ont lu. Pour ma part, j’avoue ne pas avoir réussi à avaler le pensum ennuyeux du célèbre écrivain. Ma « madeleine », ce sont les nuages, ceux-ci survolent la campagne normande du pays de Caux, décrit par Marcel le valétudinaire.