À la différence de la France, où le lectorat des mangas est majoritairement composé d’adolescents boutonneux et prépubères en mal de sociabilité, au Japon la lecture des mangas est une affaire sérieuse. Elle est pratiquée quotidiennement par des cadres dynamiques qui passent ainsi le temps des transports en commun en s’évadant dans des histoires sentimentales à l’eau de rose (ou de saké), dont ils ne sont pas dupes. Car ils savent que les jeunes et graciles héroïnes, sont en réalité des femmes mûres qui les attendent le soir à la maison avec des préoccupations prosaïques qui ne les font pas rêver. Mais quoique déçus, après leur lecture, ils déposent délicatement les mangas dans les corbeilles à papier prévues à cet effet. C’est en les voyant agir ainsi, qu’on réalise que l’on est vraiment très loin de la France.