De l’autre côté du miroir

Cette photo en négatif, a été prise, il y a bien longtemps, avec  le Kodak Brownie Box que m’avait donné mon père quand j’avais 8 ans. Je passais des journées entières à photographier – avec ou sans pellicule – et surtout à découvrir les images inversées qui apparaissaient dans le viseur de cette boîte magique. Là, ce doit être une amie de ma mère, dont la beauté singulière devait sûrement me fasciner.

A la recherche du temps perdu

Cette photo datant d’il y a quelques années, et retrouvée dans une boîte à chaussures (à défaut de pouvoir se dépenser à l’extérieur, on fait du ménage) est un document rare et exceptionnel, qui montre, le toujours fringant play-boy, Jean-Marcel Proust en compagnie d’une de ses nombreuses conquêtes, sur une plage près de Biarritz. Comme chacun  le sait, Jean-Marcel est le fils  de Marcel Proust (dont le nom devrait dire quelque chose à ceux qui appris à lire avant les SMS), fruit d’un moment d’égarement du célèbre écrivain, avec sa fidèle gouvernante, Céleste Albaret (de 20 ans plus jeune que lui). A la différence de son papa, Jean-Marcel est sportif et aime les femmes, les deux vont souvent de pair. Il a d’ailleurs participé, avec un certain succès, à des courses automobiles, sous le nom d’Alain Proust, utilisant son 3ème prénom  (à sa naissance, il a en effet été déclaré Jean, Marcel, Alain, Félix) pour préserver l’intégrité littéraire de son illustre père. Quelle élégance !

Timbre-poste

Aujourd’hui les timbres-poste valent plus chers que les cartes postales. Alors comment continuer à envoyer à ses proches, au moindre coût des « Bons baisers de »  Mogadiscio, Petropavlovsk, Tsitsikar ou Nukualofa ? Pour citer quelques destinations affriolantes. Une PME française a trouvé la solution qu’elle a fait breveter; écrire directement au dos du timbre. D’abord on fait l’économie substantielle de la carte, et puis on allège sérieusement le pli, d’où un tarif postal réduit. C’est la double économie. Il fallait être français pour y penser ! Mais, me direz-vous, pourquoi déposer un brevet ? Par-ce-que, premièrement ça fait plus sérieux, deuxièmement ça fait gagner plus d’argent, regardez les américains, ils ont fait breveter Zorro, Blanche-neige et le Bossu de Notre-Dame, qu’ils n’avaient pas inventés et ils gagnent un tas de pognon, enfin pour écrire au dos d’un timbre-poste, vu la très petite surface, il faut un stylo spécial avec loupe intégrée, qui a été inventé par cette ingénieuse petite entreprise… française rappelons-le. L’image du timbre n’est pas une japoniaiserie ramenée du pays du soleil levant, mais une vue originale  et authentique des montagnes du pays basque, tôt un matin d’été quand une mer de nuages recouvre encore les vallées. C’est là-bas, dans la plus grande discrétion, que sera fabriqué le stylo-à-timbre-poste.

Énigme dévoilée

L’identité du modèle de « L’Origine du monde », le célèbre nu peint, pendant l’été 1866, par ce bon Mr Courbet a été récemment découverte. Le libidineux commanditaire du fameux tableau fut Khalil-Bey, un diplomate ottoman, qui était l’une des figures extravagantes du Tout-Paris des années 1860. Grand amateur d’art, il dut vendre sa collection de tableaux en 1868, pour payer ses dettes de jeu. Jusqu’à récemment, les historiens de l’art, franchement daltoniens et peu perspicaces, pensaient que le modèle avait été Joanna Hiffernan, une irlandaise dont la pâleur et la rousseur, ne correspondaient pas du tout à la carnation brune et à la noirceur de l’abondante toison pubienne du modèle du tableau. Même le misogyne et pas trop subtil, Sherlock Holmes ne s’y serait pas trompé. Il s’agissait de Constance Quéniaux qui avait été l’une des maîtresses de Khalil-Bey. La jeune-femme, alors âgée de 34 ans, était une courtisane demi-mondaine et ex-danseuse à l’ Opéra qui, avec les années, est devenue une respectable dame patronnesse et philanthrope. Elle est morte en 1908, confite en dévotions.

Nuages nuages

Poussière de lumière immaculée sur le bleu du ciel. Début d’après-midi, par un léger vent du nord, au-dessus de la campagne méditerranéenne. Cela vaut la peine de lever les yeux pour regarder autre chose que son smartphone.

L’auteur présumé

Samuel B. illustre inconnu et imposteur, qui prétend avoir écrit lui-même, « Le nom du monde est A ». D’une part, à voir sa tête, on doute qu’il ait pu écrire quoi que ce soit. D’autre part, la forme incohérente et le style abscons, sont particulièrement caractéristiques d’une œuvre totalement mécanographique. Enfin, les archéologues spécialistes en mécanographie, sont formels, il est on ne peut plus vraisemblable que ce monument de la littérature non-humaine a été écrit par une machine Remington, datant du premier quart du XXème siècle. La datation par le carbone 14, ne permet pas plus de précisions, pour le moment. En cette période d’inactivité forcée, la lecture de ce livre – en vente dans les meilleures librairies virtuelles – pourrait être, même à fortes doses, un remède à la déprime.