Les villes muettes

« Il conduisit sans arrêt pendant trois jours et trois nuits. Il crut distinguer une fois une voiture qui le suivait. Inondé de sueurs froides, il prit une autre route, coupant à travers l’immensité désolée de Mars, passant par les petites cités mortes; il continua à rouler pendant une semaine et un jour, jusqu’à ce qu’il eût mis quinze mille kilomètres entre elle et lui. »

Ray Bradbury

La morte-saison

« Le vent emporta le sablonef dans une course sifflante sur le fond de la mer morte, sur les cristaux ensevelis depuis des millénaires, tandis que défilaient sur le fond des montagnes violettes les fûts des colonnes brisées, les quais désertés de marbre et de cuivre, les échiquiers des cités blanches. »

Ray Bradbury

Le Martien

« Tout le long du chemin, les poursuivants et le poursuivi, les rêveurs et le rêve, la proie et les molosses. Tout le long du chemin, la révélation subite, l’éclair des yeux familiers, l’appel d’un nom ancien, les souvenirs d’autres temps, la foule s’amassant. Chacun se ruant tandis que le rêve multiforme en pleine course, tel une image réfléchie par dix mille miroirs, dix mille yeux, se modifiait sans cesse, offrant un visage différent à ceux qui le précédaient, le suivaient ou l’attendaient sans le savoir, encore invisibles. »

Ray Bradbury

La Maison Usher II

« Vous noterez le crépuscule permanent, le mois d’octobre invariable, la terre nue, stérile, morte. Nous avons eu bien du mal. Tout a été tué. Dix mille tonnes de D.D.T. Il ne reste pas un serpent, pas une grenouille, pas une mouche martienne! (…) Je dois dire que j’en suis assez fier. Il y a des machines, cachées, pour obscurcir le soleil. Une ambiance toujours sinistre comme convenu. »

Ray Bradbury

Rencontre nocturne

« Mars était toujours paisible, mais plus particulièrement cette nuit-là. Les déserts et les mers vides défilaient et les montagnes se dressaient jusqu’aux étoiles. une odeur de Temps flottait dans l’air ce soir-là. (…) Et ce soir – il tendit une main par la portière – ce soir, on pouvait presque toucher le Temps. »

Ray Bradbury

Le matin vert

Le sol ancestral était là, avec ses plantes si anciennes qu’elles s’étaient épuisées. Mais si l’on amenait des espèces nouvelles? Des arbres de la Terre, de grands mimosas, des saules pleureurs, des magnolias et de majestueux eucalyptus. Alors? La richesse minérale du sol ne faisait aucun doute avec ses vieilles fougères, ses fleurs, ses buissons et ses arbres disparus.

Ray Bradbury

Les pionniers

« Les Terriens commençaient à débarquer sur Mars. Ils venaient parce qu’ils avaient peur ou non, qu’ils étaient heureux ou malheureux, parce qu’ils se sentaient ou ne se sentaient pas des âmes de pèlerins. (…) Ainsi, rien d’anormal si les premiers émigrants étaient rares. Leur nombre s’accrut peu à peu en proportion des Terriens déjà arrivés sur Mars. Leur nombre engendrait la confiance. Mais les premiers solitaires ne devaient compter que sur eux-mêmes… »

Ray Bradbury

Et la lune toujours brillante…

« Il faisait si froid quand ils sortirent pour la première fois de la fusée dans la nuit, qu’il se mit à ramasser le bois sec martien et à construire un petit feu. (…) À la lueur des flammes montant dans l’air ténu de cette mer desséchée de Mars, il regarda par-dessus son épaule et vit la fusée qui les avait tous amenés, (…) à travers un néant noir et silencieux rempli d’étoiles pour atterrir sur un monde irréel et mort. »

Ray Bradbury