Paysage cubiste

Vieille grange pittoresque avec toiture en tuiles, ombragée par un platane en Provence. Ce qui une accumulation de pléonasmes. En effet, une grange est obligatoirement vieille, sinon ce serait un entrepôt sans attrait artistique, de plus pour être pittoresque, elle doit être vieille et inversement, par ailleurs la toiture est toujours en tuiles, sinon ce serait un hangar qui ne nous intéresserait pas, enfin il y a toujours un platane qui fait de l’ombre, sinon il ne sert à rien et on ne serait pas en Provence. Donc pour résumer, c’est une grange. Merci de votre attention.

Ce n’est qu’un début

Sous une lune blafarde, la campagne alentour paraissait vraiment déserte. Ce n’était qu’une impression, car il savait que depuis le grand remplacement, quelque part, des bandes d’hominidés rodaient à la recherche de proies. Il n’aurait pas dû s’éloigner de sa voiture tombée en panne, mais il était trop tard pour faire demi-tour et il n’était pas armé.

Une partie de campagne

« Grande, mince de taille et large des hanches, elle avait la peau très brune, les yeux très grands et les cheveux très noirs. Sa robe dessinait les plénitudes fermes de sa chair qu’accentuaient encore les efforts des reins qu’elle faisait pour s’enlever. »

Guy de Maupassant

Photogramme 2

Image toujours inspirée par le film de Jean Renoir. Ceux qui n’ont jamais voyagé avec des locomotives à vapeur, ne peuvent réaliser la puissance d’évocation de ces formidables titans mécaniques, avec avant le départ, le fascinant spectacle du rituel des cheminots qui allaient dompter le monstre. Et puis si sur le parcours, il y avait eu des tunnels, on emportait sur soi, le souvenir charbonneux de cet extraordinaire voyage. À chacun sa « madeleine de Proust ».

Photogramme

Image inspirée du célèbre film de Jean Renoir « La Bête humaine » (tourné en 1938), lui-même adapté du chef-d’œuvre de Zola. Dans le dépôt ferroviaire, l’esthétique du film a été influencée par les célèbres tableaux de la gare St-Lazare peints par Claude Monet, lui-même contemporain et ami de Pierre-Auguste Renoir, le père de Jean. Le lien du génie créatif a été transmis.

Décoincer les zygomatiques

Le succès du genre « manga » est proportionnel à son indigence intellectuelle. Les intrigues sont médiocres et les dialogues débiles. Les personnages s’agitent hystériquement en ouvrant démesurément la bouche pour que le lecteur comprenne qui parle. Les éditeurs en français pourraient faire l’économie des traductions qui aggravent la catastrophe. Au moins en japonais, c’est comme le cinéma muet, on a l’illusion qu’il y a une histoire que l’on essaie de deviner. Cela fait travailler les méninges et même si on se trompe, cela sera toujours meilleur que l’original.

Idéologie manga

À la différence de la France, où le lectorat des mangas est majoritairement composé d’adolescents boutonneux et prépubères en mal de sociabilité, au Japon la lecture des mangas est une affaire sérieuse. Elle est pratiquée quotidiennement par des cadres dynamiques qui passent ainsi le temps des transports en commun en s’évadant dans des histoires sentimentales à l’eau de rose (ou de saké), dont ils ne sont pas dupes. Car ils savent que les jeunes et graciles héroïnes, sont en réalité des femmes mûres qui les attendent le soir à la maison avec des préoccupations prosaïques qui ne les font pas rêver. Mais quoique déçus, après leur lecture, ils déposent délicatement les mangas dans les corbeilles à papier prévues à cet effet. C’est en les voyant agir ainsi, qu’on réalise que l’on est vraiment très loin de la France.

Beauté charbonneuse

Cette image où le noir est plus important que le blanc, se réfère aux premières photos en noir&blanc, colorisées par nécessité technique. Pour jouer aux artistes, des photographes actuels s’en sont largement inspirés, souvent en ignorant qu’ils reprenaient une esthétique née avec le mouvement « pictorialiste » qui s’est développé entre 1890 et 1914. En France, son plus important représentant fut Robert Demachy (1859-1936) qui a dit à propos de ces images : « Peut-être nous accusera-t-on d’effacer ainsi le caractère photographique ? C’est bien notre intention. »