Balle de match

Il fallait absolument qu’elle fasse bonne figure pour espérer le séduire, comme elle l’avait déjà réussi pour ses trois précédents maris. Mais malgré une fortune dépensée en régimes amaigrissants et en relookages esthétiques, elle avait depuis longtemps perdu sa silhouette gracile. Avait-elle eu raison de mettre sa robe de midinette qui ne parvenait pas à dissimuler ses bourrelets ? Parce que son adversaire, riche photographe de renom et encore célibataire, était réputé pour son appétit des jouvencelles.

L’Allemand

Portrait d’un certain Karl Kuerner, fermier et voisin du peintre Andrew Wyeth à Chadds Ford. Kuerner avait combattu dans l’armée allemande pendant la première guerre mondiale et avait émigré aux USA juste après. Dans son enfance, le jeune Andrew était fasciné par les récits de guerre que lui racontait Kuerner. Beaucoup plus tard, en 1975, il fit ce portrait du vieux soldat nostalgique dans son uniforme mité. Sur le tableau d’origine, Wyeth a rajouté en arrière-plan, une sombre forêt de pins qui, à mon avis, écrase la profondeur de l’image. Je me suis permis d’y mettre à la place, un champ avec à l’horizon, la fumée des brûlis qui doivent rappeler à Karl, la bataille de la Marne, où il a été blessé et décoré.

A self-portrait

Un auto-portrait, celui du célèbre peintre américain Andrew Wyeth (1917-2009), qui en 1951, se remettait lentement d’une grave opération au poumon. Pour cela, il parcourait à pied la campagne autour de chez lui à Chadds Ford en Pennsylvanie. Comme il était encore peu assuré sur ses jambes, il regardait souvent ses pieds qui étaient chaussés de bottes de « cavalier français » (en français dans le texte), ayant appartenu à Howard Pyle (1853-1911), peintre académique et illustrateur renommé de livres pour la jeunesse, principalement inspirés du moyen-âge et de l’époque des pirates. Pyle avait eu pour élève Newell-Convers Wyeth (1882-1945), également peintre, talentueux illustrateur de livres et père d’Andrew. On retombe enfin sur ses pieds. Moralité, les objets ont une histoire qui est souvent merveilleuse. Ainsi ces bottes qui, avant d’appartenir à trois générations de peintres, ont sûrement connu Alexandre Dumas et peut-être même l’héroïque Charles de Batz comte d’Artagnan, mort au siège de Maastricht en 1676. Je le sais parceque j’ai pu voir sa statue en passant à Auch… entre deux confinements.

Un fait divers

Hier en début de soirée, un spectaculaire et dramatique accident s’est produit sur l’un des audacieux ponts autoroutiers qui permettent la liaison entre Grenoble et Chambéry. Pour une raison, non encore élucidée, un véhicule, après avoir traversé la chaussée, a franchi la barrière de sécurité et a plongé dans le vide, avant de s’écraser 72 mètres plus bas. Les occupants n’ont hélas pas survécu. Il s’agissait d’un couple de citoyens nord-américains. L’homme était un ancien sénateur républicain du Mâche-ta-sucette, qui après sa déconvenue à la candidature aux primaires des élections présidentielles, a écrit un livre de recettes politiques plus ou moins réchauffées, mais ayant eu un certain succès outre-atlantique, son titre « Yes we can » que l’on peut traduire littéralement par « Oui nous pouvons mettre en boîte de conserve », ce qui démontre une réelle lucidité politique de la part de son auteur. D’après l’un des sauveteurs, ayant une certaine maîtrise de la langue de Buffalo Bill, les corps des deux malheureuses victimes étaient à l’état de hot-dog. Ce qui ne va pas arranger nos relations avec les U.S.A. Heureusement, l’ouvrage d’art n’a pas souffert.

Un pont si loin

Quelque part au Québec, un pont interminable franchissant le Saint-Laurent. Cette image, plutôt réussie, m’a été inspirée par une très belle photo faite par Anaïs, quand elle se trouvait là-bas, chez nos cousins des belles provinces du Canada. C’est beau comme une chanson de Simon & Garfunkel.