Balcon sur la mer

Quelque part dans le sud de la Corse. Exercice ludique de dessin en perspective, à trois points de fuite, qui sont assez fastoches à trouver. On vous aide, suivez les lignes du carrelage pour les points de fuite horizontaux et celles de la porte-fenêtre avec le volet pour le point de fuite vertical, qui donne l’effet de plongée. Le crayon est assez content de lui, car il a dessiné sans tracer les points de fuite qu’il a retrouvés globalement à la bonne place, une fois le dessin terminé. Un passé de dessinateur de plans d’architecte, ça aide. La maîtrise de la perspective et de l’anatomie, sont indispensables à la pratique du dessin réaliste d’illustration. Il faut en connaître les règles pour pouvoir les transgresser.

Les héros ne sont pas fatigués

La dernière aventure authentique de l’inoxydable Professeur Mortimer et du sémillant Capitaine Blake, s’est terminée au Japon où les deux héros de la BD franco-belge, lassés de la médiocrité des scénarios que proposaient les plumitifs patentés ayant succédé à leur créateur, ont décidé de rester pour faire carrière dans la BD manga. Mais pour avoir l’air de crédibles héros dans ce genre fort prisé à Cipango, les deux old fellows ont dû se faire agrandir démesurément les yeux. Le résultat n’est pas franchement réussi, le professeur a l’air d’un niais et le capitaine de ce qu’il est, un poivrot. Avec fair play, souhaitons quand même, bonne chance aux deux vénérables représentants de la perfide Albion.

Faire du Manga

Sans le savoir, comme Mr Jourdain dans Le Bourgeois gentilhomme, à propos de la prose. A gauche, un personnage de type standard, dans le style BD franco-belge, avec des yeux normaux traduisant un certain désabusement du héros sérieux et solide, qui en a déjà beaucoup vu, au cours de ses palpitantes aventures. A droite, le même dont les yeux ont été remplacés par des boules de billard, conférant au regard ce côté halluciné de celui qui a fumé la moquette, ce qui donne au personnage le style caractéristique de la  BD japonaise. On est néanmoins plus dubitatif sur l’équilibre et la santé mentale du héros, dans ce pays où les gens ont normalement les yeux bridés.

Plage mer et soleil

Adrien et Anaïs (qui ne sont pas les enfants de Jean-Marcel Proust) toujours du côté de Biarritz. En prenant la photo, je ne l’ai pas remarqué, mais sur la blancheur des vagues, le hasard des couleurs des planches, formait notre drapeau national. Comme quoi, la photo peut être un agréable outil pour éveiller le regard.

Joconde vintage

Par leurs nombreux courriers, nos fidèles lecteurs, nous ont fait part de leur curiosité et de leur intérêt pour la technique photographique avec un Brownie Box. Cet appareil fabriqué par la sté Eastman Kodak, à partir de 1900, était à l’origine une boîte en carton qui, dans les années 1920/30, a été remplacée par un boîtier en bakélite. Il était équipé d’un objectif à ménisque de Wollaston, un simple lentille convergente avec un diaphragme, mais sans aucun procédé de correction optique, ce qui se traduisait par de fortes aberrations chromatiques  et géométriques. Il utilisait un film au format 120, lancé par Kodak en 1901, et qui délivrait des images  de dimensions 6×7/6×9 cm. Sur le boîtier il devait y avoir un moyen rudimentaire d’adapter, de façon pifométrique, la fermeture du diaphragme à la luminosité ambiante. La plupart du temps, les images obtenues étaient plus ou moins floues et souvent surexposées ou sous exposées. Mais tous ces défauts étaient sans importance, car ce qui comptait, c’était la permanence du souvenir des instants heureux.

La Boîte magique

L’appareil photo Kodak Brownie Box, fabriqué de 1900 à 1980. Génialement conçu pour l’époque, simple d’emploi et commercialisé à l’origine au prix de un dollar, il s’adressait à tout-un-chacun et a remporté un succès planétaire mérité. Dans son célèbre article Künstlerische Kodakgeheimnisse (Secrets artistiques de Kodak) écrit en 1908, et que toute personne, un peu cortiquée, a évidemment lu, le critique d’art, d’architecture et d’urbanisme, Joseph-August Lux (1871-1948) saluait le potentiel culturel du Brownie. Il considérait que le faible coût de l’appareil, le rendant accessible à tous,  » inciterait à documenter le quotidien, procurant par là une certaine stabilité, face aux mutations induites par la modernité « . Saluons la clairvoyance intellectuelle de cet esprit visionnaire ! On est en plein dedans. Pour les amateurs de photo, la rédaction vous conseille ce livre de Lux, Die Kunst des Amateurphotographen (L’art du photographe amateur), publié en 1910 et toujours d’actualité.

De l’autre côté du miroir

Cette photo en négatif, a été prise, il y a bien longtemps, avec  le Kodak Brownie Box que m’avait donné mon père quand j’avais 8 ans. Je passais des journées entières à photographier – avec ou sans pellicule – et surtout à découvrir les images inversées qui apparaissaient dans le viseur de cette boîte magique. Là, ce doit être une amie de ma mère, dont la beauté singulière devait sûrement me fasciner.

A la recherche du temps perdu

Cette photo datant d’il y a quelques années, et retrouvée dans une boîte à chaussures (à défaut de pouvoir se dépenser à l’extérieur, on fait du ménage) est un document rare et exceptionnel, qui montre, le toujours fringant play-boy, Jean-Marcel Proust en compagnie d’une de ses nombreuses conquêtes, sur une plage près de Biarritz. Comme chacun  le sait, Jean-Marcel est le fils  de Marcel Proust (dont le nom devrait dire quelque chose à ceux qui appris à lire avant les SMS), fruit d’un moment d’égarement du célèbre écrivain, avec sa fidèle gouvernante, Céleste Albaret (de 20 ans plus jeune que lui). A la différence de son papa, Jean-Marcel est sportif et aime les femmes, les deux vont souvent de pair. Il a d’ailleurs participé, avec un certain succès, à des courses automobiles, sous le nom d’Alain Proust, utilisant son 3ème prénom  (à sa naissance, il a en effet été déclaré Jean, Marcel, Alain, Félix) pour préserver l’intégrité littéraire de son illustre père. Quelle élégance !

Timbre-poste

Aujourd’hui les timbres-poste valent plus chers que les cartes postales. Alors comment continuer à envoyer à ses proches, au moindre coût des « Bons baisers de »  Mogadiscio, Petropavlovsk, Tsitsikar ou Nukualofa ? Pour citer quelques destinations affriolantes. Une PME française a trouvé la solution qu’elle a fait breveter; écrire directement au dos du timbre. D’abord on fait l’économie substantielle de la carte, et puis on allège sérieusement le pli, d’où un tarif postal réduit. C’est la double économie. Il fallait être français pour y penser ! Mais, me direz-vous, pourquoi déposer un brevet ? Par-ce-que, premièrement ça fait plus sérieux, deuxièmement ça fait gagner plus d’argent, regardez les américains, ils ont fait breveter Zorro, Blanche-neige et le Bossu de Notre-Dame, qu’ils n’avaient pas inventés et ils gagnent un tas de pognon, enfin pour écrire au dos d’un timbre-poste, vu la très petite surface, il faut un stylo spécial avec loupe intégrée, qui a été inventé par cette ingénieuse petite entreprise… française rappelons-le. L’image du timbre n’est pas une japoniaiserie ramenée du pays du soleil levant, mais une vue originale  et authentique des montagnes du pays basque, tôt un matin d’été quand une mer de nuages recouvre encore les vallées. C’est là-bas, dans la plus grande discrétion, que sera fabriqué le stylo-à-timbre-poste.

Énigme dévoilée

L’identité du modèle de « L’Origine du monde », le célèbre nu peint, pendant l’été 1866, par ce bon Mr Courbet a été récemment découverte. Le libidineux commanditaire du fameux tableau fut Khalil-Bey, un diplomate ottoman, qui était l’une des figures extravagantes du Tout-Paris des années 1860. Grand amateur d’art, il dut vendre sa collection de tableaux en 1868, pour payer ses dettes de jeu. Jusqu’à récemment, les historiens de l’art, franchement daltoniens et peu perspicaces, pensaient que le modèle avait été Joanna Hiffernan, une irlandaise dont la pâleur et la rousseur, ne correspondaient pas du tout à la carnation brune et à la noirceur de l’abondante toison pubienne du modèle du tableau. Même le misogyne et pas trop subtil, Sherlock Holmes ne s’y serait pas trompé. Il s’agissait de Constance Quéniaux qui avait été l’une des maîtresses de Khalil-Bey. La jeune-femme, alors âgée de 34 ans, était une courtisane demi-mondaine et ex-danseuse à l’ Opéra qui, avec les années, est devenue une respectable dame patronnesse et philanthrope. Elle est morte en 1908, confite en dévotions.