La journaliste

Elle sévit sur les ondes d’une chaîne de radio nationale, où elle anime une émission dont le principe  est de parler d’un sujet en compagnie de quelques spécialistes qui, depuis le studio, répondent en direct aux questions des auditeurs qui téléphonent. C’est loin d’être une idée originale, mais pourquoi pas ? Le problème est que c’est du faux direct, car les auditeurs-questionneurs sont présélectionnés en fonction des a priori de cette dame qui ne cherche qu’à se valoriser en coupant la parole à ses invités ou en répondant à leur place et en se croyant obligée de traduire à sa manière les questions quand elle ne les comprend pas ou que cela la dérange. Enfin, elle ne cesse de glousser pour cacher son ignorance crasse, voulant faire croire qu’elle maîtrise les sujets et qu’elle est sur un pied d’égalité avec les spécialistes dont certains sont des sommités dans les domaines de la science ou de la médecine. Elle est aussi intelligente qu’une cafetière, cela en est insupportable.

Le philosophe

Notre reporter – toujours aussi vif – vient de saisir sur une plage du midi de la France, cet instantané d’un de nos plus brillants philosophes. De ceux qui se produisent régulièrement sur les chaînes de radios et de TV, où à l’heure du petit-déjeuner, ils refont le monde sans trop se… mouiller. Cela fait des émissions pas chères, tout  en valorisant les quasi ignares qui se targuent sans vergogne du statut de journalistes, autrefois une noble profession. Heureusement, il y a encore quelques justes dans la presse écrite.

Le vampire

Cet ancien acteur du cinéma expressionniste allemand, s’est retiré dans une discrète maison de retraite du sud-est de la France. Coïncidence ? Depuis il y a eu une  hécatombe dans les troupeaux de moutons qui sont à l’estive dans les pâturages de montagne de la région. On a d’abord incriminé les loups qui venus d’Italie, commencent à envahir furtivement le territoire. Mais les bergers sceptiques, ont recruté les pieds nickelés de la brigade rurale de Lusagne (village de montagne aussi imaginaire que télévisuel) dont les enquêtes policières, feuilletonesques et invariablement couronnées de succès, sont diffusées tous les 15 jours sur une chaîne TV nationale. Nous voilà rassurés.

L’Ogre

Autoportrait de Picasso. Cette sculpture vient d’être retrouvée dans une cabane… au fond du jardin du Château de Vauvenargues près d’Aix-en-Provence, où le touche-à-tout bricoleux a passé les dernières années de sa vie comme essayeur pour une grande enseigne du bricolage. Il n’était pas rémunéré, mais après avoir massacré les outils qui lui étaient confiés, il avait le droit de les garder pour son usage personnel. Ne manquant pas d’imagination et ayant besoin d’améliorer sa modeste retraite d’artiste patenté, il a vendu ses victimes sur les marchés de Provence (évidemment) où on se souvient encore de ce petit vieux, un béret vissé sur la tête, vêtu d’un éternel tricot « marcel » à rayures, baragouinant français comme une vache espagnole et auquel par charité, on achetait ses élucubrations artistiques qui depuis ont invariablement fini abandonnées dans des cabanes… au fond des jardins.

Sculpture

Grand nu à la plage des Aresquiers, œuvre posthume de Picasso, qui dans certaines monographies sur l’artiste, s’appelle aussi Catherine au bain de soleil. Les exégètes du protéiforme Pablo, se perdent en conjonctures sur  la véritable identité de cette neuvième – et jusqu’alors inconnue – muse. Il avait en effet déjà baptisé Eva celle qui s’appelait Marcelle, ce prénom ne faisait pas très moderne et surtout évoquait les peu élégants tricots de peau sans manches que durant toute sa vie, il s’est obstiné à porter au grand dam de ses successives compagnes.